Kyrielle d'initiales
Chacun connaît la kyrielle syllabique "J'en ai marre, marabout, bout de ficelle ... " On peut également jouer sur les lettres en kyrielles d'initiales et de finales, chaque mot commençant par la lettre qui termine le mot qui le précède.
Neige en novembre
Elle est tombée, étrange, élégante et ténue,
Et toi, immaculée, évite et touche enfin
Nos suaves sportifs, skiant, toujours sanguins.
Soleil léchant, transi, igloo, océan nu.
Univers seuls, sans soif. Faim minable, émaciée
Epi ivoire, épine en nuages sensés
Sans surprise elle écorche et ternit tristement
Tout tardif flocon, noble, éternel, long, glaçant.
Timide elle est très sombre et travestit ton nom,
Mièvre elle est teintée en nectar réséda
Acide elle est triviale, en névés sans saison.
Noël lointain. Non, noir rayon, nous surprendra
Avec cent tons salis. Seule euphorisation,
Nette, enfant tourbillon, neige étincellera
Alain (Neige en novembre)
AZ Festival in folio. Octobre 2000
François Almaleh propose, dans cet esprit, un texte en prose qu'il appelle "lettres jumelles" :
... joyeux xylophone épars, sourd, d'un nigaud désuet très sage et tapageur, répétant tic, chanta annuellement ...
Il se démarque de la contrainte des élisions en considérant que dans "d'u" le d' n'est pas un mot, pas plus que le "de" dont il est issu.
Voici sans doute le premier poème en anglais réalisé avec cette contrainte. Il est cité par Martin Gardner dans le chapitre OuLiPo de son Penrose Tiles To Trapdoor Ciphers (Mathematical Association of America, 1997)
Winter Reigns
Shimmering, gleaming, glistening glow
Winter reigns, splendiferous snow!
Won't this sight, this stainless scene,
Endlessly yield days supreme?
Eyeing ground, deep piled, delights
Skiers scaling garish heights.
Still like eagles soaring, glide
Eager racers; show-offs slide.
Ecstatic children, noses scarved
Dancing gnomes, seem magic carved
Doing graceful leaps. Snowballs,
Swishing globules, sail low walls.
Surely year-end's special lure
Eases sorrow we endure,
Every year renews shared dream,
Memories sweet, that timeless stream.
Mary Youngquist